Jean-François MILLET

Jean-François Millet est un artiste-peintre pastelliste, graveur et dessinateur français du XIXe siècle. Il est célèbre notamment pour ses scènes champêtres et paysannes réalistes.

Jean-François Millet est le fils de Jean Louis Nicolas Millet et de Aimée Henriette Adélaïde Henry. Il est né à Gruchy, hameau de Gréville, actuellement commune de La Hague. Aîné d’une famille nombreuse de paysans, berger dans son enfance et plus tard laboureur, il est élevé dans un milieu où le goût de la lecture lui est donné par son père, et par son oncle curé avec qui il lit la Bible, mais aussi Montaigne, La Fontaine, Homère et Virgile, Chateaubriand et Victor Hugo…Sa grand-mère qui a compté pour lui au-delà de son enfance l’exhorte à ‘’vivre en chrétien’’ – elle imposait à son entourage la lecture quotidienne de la Bible –


Il travaille à la ferme familiale jusqu’en 1834, puis, doué en dessin, il est envoyé à Cherbourg par son père pour apprendre le métier de peintre auprès de Paul Dumouchel portraitiste, puis auprès de Théophile Langlois tous les deux peintres locaux.

À cette époque, s’ouvre à Cherbourg le musée Thomas Henry qui était marchand d’art et mécène, Millet s’y exerce en copiant les toiles de maîtres notamment Hollandais et Espagnols.

En 1837 le conseil municipal de Cherbourg lui octroie une bourse pour qu’il puisse continuer son apprentissage à Paris. Il s’y installe et étudie à l’École des beaux-arts dans l’atelier du peintre Paul Delaroche ( ses tableaux représentent des scènes de l’histoire, des portraits et des scènes familiales). Il fréquente beaucoup le Louvre où il subjugué par les tableaux de Poussin,Giotto,Michel-Ange, et bien d’autres.

Deux ans plus tard, il échoue au prix de Rome. Il perd donc sa bourse et doit quitter les Beaux-Arts.

Il revient à Cherbourg où il vit de la vente de portraits de proches et de bourgeois, ainsi que de peintures érotiques.

Commandé par la Mairie, son portrait de l’ancien maire de Cherbourg, le colonel Javain, est refusé par le conseil municipal : n’ayant pas connu le maire, il a fait ce portrait avec pour modèle une miniature.

Parmi les portraits de proches, on trouve celui de son beau père Armand Ono, celui de son épouse Pauline (qu’il a épousée en 1841 et qui décède de la tuberculose en 1844)

Il réalise également quelques nus

Il rencontrera plus tard Catherine Lemaire, ancienne servante avec laquelle il aura neuf enfants. Ils s’installent au Havre.

Pendant toute cette période il tâtonne, se cherche, fait de nombreux petits tableaux et dessins, pour survivre et continuer à progresser.

En 1847, son ‘’Œdipe détaché de l’arbre par un berger’’ présenté au salon à Paris attire l’œil des critiques.

Cette oeuvre, une des rares scènes mythologiques peintes par Millet, s’inspire de la légende de la Grèce antique : des bergers viennent en aide à Oedipe qui, nouvellement né, a été attaché à un arbre pour y mourir, son père Laïos croyant à la prédiction selon laquelle il sera tué par son fils

Il retourne pour quelques temps à Paris, où il rencontre Théodore Rousseau, Constant Troyon, Charles Jacques qui lui font connaitre Barbizon. .

Constant Troyon
TH ROUSSEAULe grand chêne. c. 1840.Victoria and Albert Museum – London.

L’un des premiers à fréquenter la forêt de Fontainebleau fut certainement Camille Corot qui explore les lieux dès 1822. Puis l’invention des tubes de gouaches vers 1840, ensuite l’ouverture d’une ligne de chemin de fer rendra ces lieux très fréquentés par de nombreux peintres. Leur point commun est de rechercher la nature, un coin tranquille où poser son chevalet et trouver l’inspiration : Barbizon devient en quelque sorte un « atelier en plein air »

Au salon de 1848,Il expose deux tableaux :

  • ‘’la captivité des Juifs à Babylone’’, tableau dont on a perdu la trace
  • ‘’Le Vanneur’’ : Il en existe 3 versions entre 1847 et 1848 (Louvre, Orsay et Londres). C’est la première œuvre inspirée par le travail paysan, c’est surtout le début d’une autre façon de travailler pour Millet : plutôt que de suivre les normes imposées par ce qu’il appelle ‘’l’art des salons’’, il veut essayer de mettre en œuvre ce qu’il est, ce qu’il ressent.

Ce tableau séduit les sympathisants Républicains. Théophile Gautier dira :’’La peinture de Mr Millet a tout ce qu’il faut pour horripiler les bourgeois à menton glabre’’, et Ledru-Rollin alors Ministre de l’intérieur achète cette toile pour 500 fr.

Pour Millet c’est comme si l’avènement de la Seconde République avec ses libertés retrouvées, dont la liberté d’exposer au salon, lui permettait de libérer les forces artistiques qu’il avait en lui.

Désormais, c’est ce thème du monde paysan qu’il développe à partir de 1849 en s’installant à Barbizon où il peint  des scènes rurales, poétiques : Les Botteleurs (1850), le Semeur (1850), les Glaneuses (1857), L’Angélus (1859), La Tondeuse de moutons (1861) , La Bergère (1864),

Des peintures qui le classent dans le courant réaliste, glorifiant l’esthétique de la paysannerie. Il proclame son goût de l’humain : ‘’c’est le côté humain, franchement humain qui me touche le plus en art…’’.

Millet détestait la ville et le monde urbain en général. C’était un solitaire, et il aimait particulièrement l’hiver à Barbizon, période où la ville se vidait de ses habitants retournés à Paris.

II aime vivre à Barbizon dans sa « crapaudière » au milieu de ses neuf enfants qu’il aime et dont il s’occupe

Il ne va à Paris que pour voir le Salon, le Louvre et se tenir au courant des grands évènements artistiques.

Un rapide retour dans la Hague en 1854, à la suite du décès de sa mère, lui inspire Le Hameau Cousin, La Maison au puits, Le Puits de Gruchy, une première version du Bout du village…

Millet contrairement aux impressionnistes ne réalise jamais ses peintures sur site. Le processus pour arriver à la toile est long : de chaque visite dans sa région natale, il ramène des dessins sur les lieux de son enfance, les monuments, les falaises à partir desquels il compose ses toiles par la suite.

Il réalise quelques fois le même sujet en peinture et en gravure à l’eau-forte (par exemple Le Semeur, Les Glaneuses) : ces gravures sont généralement faites dans le cadre de commandes, et il refusera que les tirages en soient limités.

Alors que les Prussiens envahissent la France, il revient à Cherbourg avec sa famille de 1870  à fin 1871.

A cette époque il met l’accent sur la lumière, sur l’atmosphère des lieux qu’il peint.

Il meurt en 1875 à Barbizon. Sa maison est devenue un musée.

Millet joue un rôle capital dans l’histoire de la peinture, il ouvre la voie aux impressionnistes comme Claude Monnet, Pissarro, et notamment Van Gogh qui le revendique comme modèle et s’en inspire.

L’œuvre de Millet a inspiré de nombreux peintres et photographes aux Etats-Unis.

Ses liens avec l’Amérique datent de son vivant : durant les vingt dernières années de son existence, ses plus fervents admirateurs, artistes et collectionneurs viennent à Barbizon et partagent sa vie. Ils reconnaissent en lui un maitre et une source d’inspiration, et transmettent aux générations suivantes l’esthétique de Millet.

On peut citer William Morris Hunt qui achète de nombreux tableaux de Millet, William Perkins Babcock qui devient son ami. Ces artistes attirent l’attention de collectionneurs, raison pour laquelle de nombreuses toiles de Millet appartiennent à des musées Américains ou Canadiens.

Les Botteleurs : Au centre de la toile, trois personnages semblent écrasés par les meules imposantes représentées à la gauche du tableau.

La lumière jaune installe de forts contrastes ombre-clarté, avec des rehauts blancs sur les chemises.

Le peintre utilise une palette à dominante ocre avec, pour les champs des bruns-verts et pour le ciel du gris coloré.

Il peint une harmonie profonde entre l’homme et la nature où le geste paysan trouve sa vraie signification. Millet magnifie l’univers paysan en nous faisant percevoir le dur labeur de ces travailleurs de l’ombre et de la terre…

Présenté au salon de 1850 Les botteleurs de foin qui décrit la rudesse des travaux des champs, fut l’un de ceux qui valurent à Millet d’être critiqué pour son
« socialisme ».

Sa vision réaliste de la condition paysanne effrayait les classes dirigeantes, qui croyaient y voir un encouragement à la révolte. Si les figures paysannes de Jean-François Millet suscitent l’enthousiasme des républicains, l’artiste se défend d’un quelconque message politique ou idéologique de ses œuvres.

Ses tableaux, celui-ci et de nombreux autres, pourraient se résumer à un geste et à des couleurs. Chaque geste est étudié, précisé, et ainsi Millet restitue sur la toile les correspondances qui lient les tâches effectuées avec les positions du corps et les expressions du visage 

L’Angélus

Millet dit de ce tableau :
« L’Angélus est un tableau que j’ai fait en pensant comment, en travaillant autrefois dans les champs, ma Grand-mère ne manquait pas, en entendant sonner la cloche, de nous faire arrêter notre besogne pour dire l’Angélus. »

L’Angélus représente deux paysans en prière : ce couple est isolé au milieu d’une morne plaine déserte dans une attitude humble. On ne distingue pas les traits de leurs visages.
Dans la partie supérieure du tableau où le ciel prend tout l’espace, on distingue le clocher d’un village Le peintre a choisi des couleurs chaudes avec le jaune, l’ocre et le marron, quelques touches de bleu se reflètent sur les vêtements.

Le tableau est très lumineux : le rougeoiement du ciel est la luminosité du coucher de soleil, qui ricoche sur le sol et les vêtements

Millet travaille les jeux de lumière, la pénombre et le clair-obscur. Ces effets préfigurent l’Impressionnisme

En 1860 L’Angélus est dans la collection d’Alfred Feydeau.

Le tableau fut exposé en 1869 au moment où la révolution industrielle commençait à bouleverser le quotidien des français.

De ce fait, cette œuvre est devenue le symbole de la France paysanne.

Et puis quelqu’un, on ne sait ni qui ni pourquoi, a déclaré que l’Angélus était un chef d’œuvre. Et à compter de ce moment pour le public, les critiques, les marchands, les Américains…l’affirmation est devenue réalité. Puis des écrivains d’art ont affirmé que ce qui était admirable, prodigieux, c’est qu’en regardant la toile, on entendait les cloches sonner !!

Le tableau passe de collections particulières en collections particulières jusqu’en 1889

En 1889 il est vendu aux enchères et acheté par les américains. Un an plus tard ils le revendent au collectionneur français, Alfred Chauchard.
Celui-ci le lègue à sa mort à l’état qui l’attribue au musée du Louvre en 1909.
En 1986, L’Angélus est transféré au musée d’Orsay.