ALFRED SISLEY
1839 – 1899
Vers 1872 1874
(Recherches effectuées par Alain)
Alfred Sisley est né à Paris le 30 octobre 1839 quatrième et dernier enfant de parents anglais William Sisley (1799-1897) et Felicia Sell (1808-1866) qui viennent d’arriver à Paris pour ouvrir une succursale d’une entreprise familiale de commerce international de produits de luxe. Sisley passera toute sa vie en France mais il parlera parfaitement l’anglais et demeurera citoyen britannique, à la fin de sa vie il demandera la nationalité française mais il décèdera avant de l’obtenir. On ne sait pratiquement rien des premières années de sa vie on peut supposer qu’il reçut une éducation bourgeoise.
A l’âge de 18 ans il est envoyé en Angleterre par ses parents pour quatre ans afin d’y perfectionner son anglais et d’y apprendre le métier d’homme d’affaire. Le résultat attendu n’a pas été à la hauteur des espérances de ses parents. Il y apprit surtout la peinture auprès de Turner et de Constable et la littérature devant les pièces de Shakespeare. A la National Gallery il étudie les Maitres hollandais du Siècle d’Or (XVIIe) – Hobbema, Koninck, Van Ruysdael et Rubens – mais aussi les peintres anglais des XVIIIe et XIXe tels que Gainsborough, John Crome, Turner et Constable.
Tableau de 1809 dimensions 80 x 57,6 représentant Malvern Hall exposé à la Tate Gallery à Londres.
C’est à n’en pas douter l’oeuvre de Constable qui l’aura le plus marqué. On sent chez les deux artistes une même réceptivité aux doux paysages fluviaux
Lorsqu’il revient à Paris vers 1860, sur le conseil de Frederic Bazille il s’inscrit à l’atelier du peintre académique suisse Marc Charles-Gabriel Gleyre (1806 – 1874). Ce dernier a créé à Montparnasse un atelier qui a beaucoup de succès car il n’est pas cher, les élèves n’ont à payer que les modèles engagés par l’atelier. Sisley y fera la connaissance des jeunes artistes qui deviendrons ses futurs compagnons de route : Auguste Renoir, Claude Monet et Frederic Bazille qui mourra prématurément en 1870 à la guerre. Sur ce tableau on peut voir Bazille avec sa palette devant le chevalet Manet lui fait face Monet derrière, Zola sur l’escalier et Sisley assis au fond à droite.
Tableau réalisé en 1870 dimensions 98 x 128,5 exposé au Musée d’Orsay Manet aurait participé à la réalisation du personnage de Bazille.
Il est certain que le début des année 1960 correspond à une période productive et heureuse, il est décrit comme particulièrement gai et bout en train, il fait la rencontre de Marie-Louise Adélaïde-Eugénie Lescouezec, la femme qui demeurera à ses côtés pendant les plus de 30 ans à venir. Il quitte l’atelier de Gleyre en 1864 et poursuit sa formation en parcourant la Forêt de Fontainebleau avec ses amis à la recherche de paysages qui sert de champ d’investigation aux peintres de l’école de Barbizon depuis 1830. Tel ce tableau ci-dessous représentant une allée de châtaigniers à la lisière de la forêt de Fontainebleau.
Allée de châtaigniers 1865 129 x 208 Petit Palais
Il côtoie également Pissarro en plus de Renoir et Monet et il est bien évident que l’observation des techniques de ses amis et les échanges qu’ils ont pu avoir ont contribués à parfaire sa maitrise. Les paysages peints par l’artiste au milieu des années 60 montrent que l’artiste possède une grande maitrise de la technique picturale.
En 1866 deux de ses toiles faisant pendant sont acceptées au Salon :
Rue de village à Marlotte
Femmes allant au bois
En 1867 ses oeuvres ainsi que celles de Monet, Pissarro, Bazille, Renoir et Cézanne étant refusées au Salon ils signent une pétition pour obtenir la création d’un Salon des Refusés.. Naissance de son premier fils.
Rue de village à Marlotte 1866 dimensions 50 x82 New York
Marlotte est un petit village près de la forêt de Fontainebleau à l’opposé de Barbizon où tous ces artistes avaient l’habitude de se retrouver au printemps. Jusqu’au début des années 60 il bénéficie d’une aide financière de son père ce qui lui permet de vivre assez confortablement, toutefois cette aide cessera au début de sa liaison avec sa compagne qui lui donnera deux enfants sans qu’ils soient mariés. Cette situation deviendra délicate avec la chute du second empire, la commune et une période d’austérité qui entrainera la ruine de son père et sa mort en 1879.
Durant la guerre il est obligé de quitter Bougival où il était installé pour revenir à Paris, son atelier est occupé par les Prussiens qui auraient détruits 70 de ses premières toiles.
A partir de 1872 il revient dans la région de Louveciennes au hameau de Voisins toujours dans le même secteur très fréquenté et peint par les impressionnistes et où habite Pissarro. Il réalisera de très nombreuses toiles. L’un de ses sites préférés et la ville est la ville d’Argenteuil où vit et travaille Monet. On sent qu’il est heureux de participer à ce mouvement impressionniste qui correspond à sa vision de la nature et des villages près de la seine et au milieu de ses amis qui partagent le même idéal.
La grande rue d’Argenteuil 65,4 x 46,2 Norwich Castle Museum
Contrairement à Monet et Renoir ses toiles seront refusées par les jurys et il a énormément de mal à vendre ses oeuvres et malgré le soutien d’un certain nombre de mécènes il vivra dans la pauvreté jusqu’à la fin de sa vie.
En dépit de ses grandes difficultés il persistera toujours dans le même style à représenter la seine et ses environs avec la même douceur et la même quiétude. Il restera un paysagiste.
Le Pont d’Argenteuil 1872 38,5 x 60,9 Memphis Brooks Museum of Arts
Bords de la Seine à By 1880 54 x 73 Williamstown Massachusetts
Le pont de Moret 1893 65 x 73 Paris Musée d’Orsay
E n 1897 il retourne pour la dernière fois en Angleterre pour probablement légaliser son union qui dure depuis plus de trente ans avec Eugénie qui lui aura donné trois enfants Pierre, Jeanne et Jacques ce dernier étant décédé en bas âge.
Au cours de ce dernier voyage il ramènera encore quelques beaux paysages marins.
La falaise de Penarth – Temps orageux 1897 55,2 x 66 The Beaverbrook Art Gallery
Lady’s Cove, Longland Bay- 1897 65,5 x 81,2 Collection particulière Londres
Ils rentrent à Moret sur Loing en octobre 1897 et Eugénie et déjà atteinte d’un cancer. Elle s’éteindra en octobre 1898 et Sisley atteint lui-même d’un cancer sombre dans une profonde dépression et meurt trois mois plus tard dans le plus grand dénuement. Une semaine avant sa mort il demande à Monet, avec qui il est resté très ami ; de veiller au bien-être de ses enfants. Monet et Renoir organiseront une vente des tableaux de son atelier au profit de ses enfants et immédiatement un engouement pour ses oeuvres va le faire considérer comme le plus grand paysagiste de son époque.
Ses derniers tableaux auront pour thème les bords du Loing.
Bateaux du Berry sur le Loing – Effet du matin 1896 53,5 x 65 Collection particulière
A la fin de sa vie Sisley a beaucoup peint ce secteur du Loing. J’ai dans mes document une toile postérieure de plus d’un an dénommée le Tournant du Loing de 1897 mais je n’ai pas pu la retrouver sur internet, ses droits de reproduction sont probablement protégés, toutefois nous l’avons vu au musée des Beaux-Arts de Lyon dans une exposition temporaire en 2002.
Chemin montant vers 1878 – 1879 38 x 55 Musée des Beaux Arts Lyon
Le spécialiste François Daulte a daté ce tableau de 1876 alors que Sisley était à Marly le Roi toutefois il aurait fort bien pu être réalisé lorsqu’ il vivait dans le secteur de Bougival comme le montre le tableau suivant.
Cette oeuvre a été soigneusement composé avec son talus herbeux à gauche et une clôture rustique à droite donnant une profondeur de champ assez spectaculaire et qui attire l’oeil sur une petite maison blanchie à la chaux au fond. Sur le chemin nous observons trois personnages vus de dos placés un peu en triangle le plus éloigné se trouvant quasiment au point de fuite ce qui accentue encore la profondeur de champ. Le premier est un homme âgé appuyé sur sa canne un peu plus loin sur la droite une femme la tête rentrée
dans les épaule qui semble porter un lourd panier et le troisième au fond à peine esquissé.
Ce tableau exécuté à larges touches met en valeur les herbes et les buissons à gauche opposé au chemin au sol irrégulier ensoleillé avec cette ombre violette au premier plan qui donne une impression nostalgique de forte chaleur. Le ciel qui prend toujours chez Sisley une place importante sur la toile parait très nuageux et annoncer un changement de temps.
La Route de Parnay à Bougival 1874 45 x 65 Collection particulière
Pour terminer on peut noter que malgré les grandes difficultés que Sisley a eues pour vendre ses toiles son style n’a jamais changé, il a toujours réalisé des oeuvres de petites dimensions inférieures à 1 m, avec un grand ciel, la présence d’eau, rivières, inondations, ponts, paysagiste exclusif on dispose d’une toile où il a représenté ses enfants. Il a fréquenté tous les impressionnistes Manet, Monet, Pissarro, Caillebotte, Bazille, Morisot, Renoir etc. Il a peint essentiellement dans la région parisienne à l’exception de quatre voyages en Angleterre d’où il a ramené quelques toiles et d’un voyage en Normandie